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Franck COMBA

« Le choc du Stade Français »

Si Franck Comba apparaît sans doute aux yeux de la majorité des amateurs de rugby comme un Toulonnais « pur jus », c’est pourtant au Stade Français qu’il doit l’essentiel de son palmarès comme bien des bonheurs. « Le meilleur souvenir de ma carrière demeure sans aucun doute ma rencontre avec ce club ; avec Max Guazzini et Bernard Laporte, un duo qui a fait l’histoire récente du Stade Français. Ils ont su insuffler à ce club un état d’esprit formidable, chacun avec sa personnalité. Tous les opposait sans doute sur ce plan, ils formaient un couple paradoxal, mais ils s’étaient bien trouvés, avaient les même objectifs et le même discours.

Quitter Toulon pour monter à Paris constituait un sacré pari, en tout cas un saut dans l’inconnu. . « Ce club venait juste de monter de Deuxième division, des joueurs l’avaient rejoint en provenance de diverses régions mais j’ai trouvé là un magnifique état d’esprit. » Quid de l’étiquette de club de mercenaires que la rumeur lui avait collé ? « Totalement fausse. Au début, ce fut terrible, on avait cent spectateurs au stade. Dans le microcosme rugbystique, on était sous le feu de la critique. Surtout avec un président atypique comme Max. Nous nous sommes tellement fait allumer dans les médias et dans le milieu que, sans doute inconsciemment, nous les joueurs nous nous sommes servis de cela pour nous resserrer. De quoi forger un bel état d’esprit qui s’est traduit par des résultats immédiats sur le terrain. Cela a donné un club comme on pouvait en trouver dans le Sud, mais à Paris… et avec un président hors normes, dans toute sa splendeur. »

Les regrets du Mondial 1999

Le Stade Français lui a certes procuré bien des joies, mais Franck Comba ne peut oublier le RC Toulon. Le club dont il rêvait quand il était « minot » à Hyères. Un RCT qui l’a pourtant contraint à quitter la scène rugbystique sur une incompréhension. « Je suis revenu à Toulon en fin de carrière et ce fut compliqué. Le RCT était descendu à l’étage inférieur et je n’étais plus le joueur que j’avais été à Paris. J’ai arrêté et on m’a proposé de m’investir dans le club. Tim Lane m’a demandé de venir entraîner les lignes arrières. Et puis Mourad Boudjellal est arrivé et a choisi de prendre Tana Umaga. Beaucoup trop de choses se sont passées en peu de temps. Déjà, quand tu arrêtes ta carrière de joueur, tu prends un pet au moral. Ensuite, tu t’investis dans le club et un an après on te vire…

Mais bon, Toulon restera pour moi Toulon. J’ai envie que le RCT remporte un titre. Que cette génération soit championne de France. Surtout avec Bernard (Laporte) à sa tête. Ce club génère une passion sans égale. Un peu comme l’OM en foot. On y est dans la démesure et cela ne date pas d’aujourd’hui. A l’époque de sa splendeur dans les années 1980, il y avait déjà quelqu’un d’atypique en la personne de Daniel (Herrero). Maintenant, il a Mourad à sa tête. Qui fait sans cesse le buzz. Tu vois un peu le « fatigué »… Et je ne cesse de le répéter à certains anciens : « s’il n’était pas là, où en serait Toulon ? Alors laissez-le agir, c’est lui le boss ». Tant qu’il fait avancer le club tout est pour le mieux. Il fait parler de Toulon dans le monde entier. Par contre, maintenant, remporter un titre s’impose. La seule vérité, c’est la réussite. »

Si Franck Comba n’est pas homme à se pencher sans cesse sur son passé, quelques souvenirs remontent tout de même à la surface. Bons et moins bons. Liés à son parcours en équipe de France. La joie de la première sélection. « Cela reste mon plus beau souvenir. Quand Jo Maso m’appelle en 1998 pour me dire que je suis pris pour la tournée du XV de France en Argentine et aux Fidji. Gamin, je rêvais de jouer à Mayol. Joueur de Top 14, j’avais envie d’être champion de France. Après, tu veux devenir international… Là, cette première sélection venait récompenser tout le travail effectué pour parvenir à cette fin. Ce fut fabuleux. Par contre, ma plus grosse déception, c’est de ne pas avoir été retenu pour la Coupe du Monde de 1999. »

De Lomu à Umaga

Ses treize sélections lui auront tout de même permis de côtoyer les meilleurs rugbymen de la planète. Le plus impressionnant ? « Jonah Lomu évidemment de par ses énormes moyens. Mais le plus talentueux joueur que j’ai rencontré restera Tana Umaga .Il était le plus difficile à jouer. En tant qu’ancien ailier, il possédait des appuis formidables dont il se servit avec bonheur une fois passé au centre. Les Australiens, les Sud-Africains, tu savais comment ils allaient jouer. Leur jeu était plus prévisible et donc plus facile à contrer. Par contre, Tana savait tout faire : te rentrer dedans, te crocheter, te raffûter. Et toi, tu ne savais jamais ce qu’il allait faire… De plus, il était d’une humilité incroyable. »
De quoi lui pardonner sans aucun doute sa venue à Toulon…